Olivier Mathis est expert certifié EEAS vol au Bureau Polyexpert de Béziers et Référent vol au sein de Polyexpert Languedoc-Roussillon. Il évoque Pierre Soulages, peintre français centenaire qui a son propre musée à Rodez, qui est exposé dans le monde entier, qui a fait l’objet d’une rétrospective au Musée du Louvre en 2020 et qui voit de la lumière dans le noir… A lire ????
L’œuvre de Pierre Soulages n’est pas forcément facile à appréhender au premier abord. Ses immenses toiles noires peintes depuis 1979 qui ont révolutionné la peinture, ne peuvent être qualifiées de monochromes et les comprendre, c’est d’abord s’intéresser à l’homme.
Qui est-il ?
D’une part, il a été initié très tôt à l’art abstrait par Sonia Delaunay alors qu’il avait commencé sa carrière en peignant des paysages et que, ne voyant plus l’intérêt de passer par le détour de la représentation, il choisit définitivement l’abstraction comme terrain d’exploration.
« Je ne représente pas » dit-il, « je présente ». « Je ne dépeins pas, je peins »
D’autre part, la couleur noire a toujours joué chez lui un rôle prépondérant. De simples lignes noires sur fonds clairs à ses débuts, elle prend de plus en plus de place avec le temps et hante ses œuvres, étalée de plus en plus largement à grands coups de pinceaux ou de couteaux.
Ce noir, à la fois couleur et non-couleur, qui pendant plus de trente ans a admis d’abord à ses côtés quelques rares autres teintes, force l’œil et le corps à être intensément présents, à vivre le tableau dans une expérience inédite.
« Il n’y a rien à raconter sur mon tableau, il y a à ressentir » affirme-t-il.
La quête
Sa recherche de réponse sur le rapport entre matière, forme et couleur est en marche jusqu’à la révélation de 1979. Alors que le noir prend de plus en plus de place, sur des toiles dont le format s’agrandit, il peint cette année-là la première de ses toiles recouverte intégralement de noir.
Peinture monochrome ? non ! On ne renouvelle pas l’art en réduisant la peinture à une couleur unique. Mais peinture mono pigmentaire, oui ! Car bien que vide de représentation et de forme, le mono pigmentaire est riche des intentions de son auteur.
Cette découverte est une révélation pour Soulages, qui le fait basculer d’un monde pictural classique à un nouveau monde jusque-là inconnu et qu’il ne cessera d’explorer, d’approfondir, et qui consiste à se laisser guider par la lumière pour la transformer.
Il s’inventera le néologisme « outrenoir » qui signifie « au-delà du noir », pour qualifier ce travail.
Que la lumière soit
Son œuvre depuis lors est donc un travail sur la lumière. Une obsession qui le poussera à confectionner lui-même et s’approprier des outils pour créer, dans l’épaisseur de la peinture déposée sur la toile, toutes sortes de reliefs (creux, sillons, bandes, stries, aplats lisses) pour y produire de la lumière par reflet, changeant selon la place de l’observateur et l’incidence de la lumière qui s’y projette. L’acrylique qui sèche plus vite que la peinture à l’huile, ne craquèle pas et offre de nouvelles possibilités pour réfléchir la lumière, lui permet de perfectionner son art.
Depuis toujours, Soulages considère qu’un tableau est une chose. Une chose qu’il oppose à un objet. Il souligne d’ailleurs son côté matériel en faisant des dimensions de ses toiles, leur titre (ex : peinture 162 x 127 cm, 14 avril 1979).
L’objet se définit comme ayant une fonction, mais la chose indique qu’elle est ouverte à l’interprétation que chacun peut faire. C’est le spectateur lui-même qui construit le sens de l’œuvre, à travers ses émotions.
L’œuvre est donc comprise comme une relation entre la peinture, celui qui l’a réalisée et celui qui la regarde.
« Ce que l’on voit devant mes toiles c’est de la lumière transformée, transmutée par le noir. Une lumière qui vient du mur vers celui qui regarde. Du coup, l’espace de la toile n’est plus sur le mur, comme dans la peinture traditionnelle, ou derrière, comme dans une perspective. Il est devant. »
Et la lumière fut
La longévité de l’artiste centenaire qui a depuis 2014 son propre musée, qui est exposé dans 110 musées à travers le monde, qui a eu l’hommage d’une rétrospective de son vivant au Louvre à l’instar des seuls Chagall et Picasso, qui est le premier artiste vivant invité à exposer au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg… n’a d’égale que la valeur de ses œuvres, qui battent régulièrement des records en ventes publiques.
En novembre 2019, une toile de 1960 a été adjugée 9.6 millions d’euros.
Sa peinture fait donc logiquement l’objet de toutes les convoitises. En juillet dernier, une riche anglaise s’en est fait dérober 2 au cours d’un vol par escalade de son appartement parisien. Et cela ne fait que commencer…
Bien que ce type de vol soit plutôt exceptionnel compte tenu de la difficulté de revendre un butin d’une telle valeur et de sa commanditation probable par un collectionneur privé, l’expert vol pourra de plus en plus rencontrer dans le cadre de son activité, des œuvres de Pierre Soulages plus abordables pour le commun des mortels. Il est possible d’acquérir aujourd’hui des affiches d’expositions à partir de 350€, des impressions offset à partir de 385€, des affiches lithographiques originales à partir de 700€ ou des lithographies originales signées, à partir de 800€.
Nul doute que le jour du décès du peintre la valeur de ses œuvres s’envolera, tout comme l’intérêt des malfrats !
Olivier Mathis – Polyexpert Béziers
Bio-Express
- Entrée dans le Groupe Polyexpert : septembre 2012.
- Expert vol certifié EEAS vol.
- Il traite des dossiers particuliers et professionnels d’enjeux divers.
- Obtention de la Certification EEAS vol : novembre 2015.
- Référent technique vol au sein de la région Polyexpert Languedoc-Roussillon : juillet 2020.
- A titre personnel gout prononcé pour le design, l’art moderne, le bricolage, la lecture.
Références bibliographiques
- Magazine BEAUX ARTS éditions (HS) – Musée Soulages à Rodez
- Website ARTHISTORY, article du 29 octobre 2014 : « Le monochrome-Pierre Soulages »