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Le risque de champignon dans le bâtiment

12 Sep 2024

Les champignons furent considérés jusqu’au milieu du 20ème siècle comme faisant partie du règne végétal en raison de leur immobilité. Aujourd’hui, ils ont leur propre règne. Nous allons nous pencher sur les champignons vivants dans nos immeubles notamment le mérule. 👇

Les champignons se nourrissent de matière organique, de sels minéraux et d’eau. Les champignons contiennent 80 à 90 % de leur poids frais en eau. Sans eau, il n’y pas croissance, car croissance veut dire d’abord absorption d’éléments nutritifs en solution. Nous allons nous pencher sur ceux vivants dans nos immeubles. Les principaux facteurs physiques pouvant affecter la physiologie et l’apparition des pathologies biologiques et par là son pouvoir de détérioration du bois sont :

  • L’humidité de l’air et du substrat,
  • La température,
  • La lumière,
  • La nature du bois,
  • L’acidité du substrat,
  • La teneur en oxygène de l’air.

Il existe 2 types de dégradations d’attaques fongiques : la pourriture fibreuse et la pourriture cubique à l’intérieur du bâtiment.

En extérieur, nous trouvons de la pourriture molle et de façon exceptionnelle à l’intérieur. La différenciation de la dégradation se fait par l’apparence physique des bois, par un aspect brulé ou en fibrille. L’aspect dépend de l’élément dont le champignon se nourrit cellulose ou lignine.

Les champignons de pourriture cubique détruisent la cellulose et les hémicelluloses du bois (en épargnant la lignine) et inversement pour les champignons de pourriture fibreuse.

A l’origine, les spores de champignons, très volatiles, germent lorsque leurs supports respectifs (bois, plâtres, maçonneries) sont soumis à une humidité plus ou moins importante, régnant ou ayant régnée, passagère ou à de légères infiltrations pendant un temps prolongé.

Les champignons se forment à partir de la germination de spores.

Elles peuvent être sexuées ou asexuées. IL n’y a pas de sexe tant que les spores ne sont pas viables. Par exemple, les spores sont viables à environ 40 % dans le cas du mérule selon des études réalisés en Belgique.

Le champignon qui nous intéresse particulièrement est le mérule pleureuse du latin Serpula Lacrymans que nous trouvons très régulièrement en région Bretagne et dans la région du Nord. En effet, les départements du Finistère, Yvelines, l’Essonne et le Nord sont les plus impactées par ce phénomène.

Les conditions de développement

Les spores sont présentes partout à l’état inactif. Leur durée de vie, dans cet état de latence, se compte en centaines d’années. Elles peuvent être présentes dans la terre du torchis des colombages ou dans les remblais sous plancher. Elles sont dispersées par le vent, par les palettes de livraison de matériaux, elles sont transportées sous les semelles de chaussures, etc. Lorsque les conditions de développement sont favorables, elles donnent naissance à un nouveau champignon.

Le mérule est le seul champignon lignivore du bois qui peut continuer à se développer dans les conditions usuelles d’occupation des locaux.

Pour que les spores donnent naissance à un mérule, les 4 conditions ci-dessous doivent être réunies :

  • Le mérule se nourrit de la cellulose qu’il trouve dans le bois et ses dérivés. La cellulose est indispensable à sa multiplication cellulaire.
  • Il lui faut une humidité suffisante pour digérer la cellulose. Le matériau support contenant cette cellulose doit présenter une humidité entre 22% et 40 %.
  • L’éclosion des spores se produit lorsque la température de l’air ambiant se situe aux alentours de 20 à 26°C. Une température à 50°C peut la tuer en quelques heures.
  • Enfin l’obscurité et un espace non ventilé favorisent son développement.

Le mérule pourra continuer à se développer même si la source d’humidité initiale est coupée. En effet, il sera susceptible de développer un système de canaux (syrotes) lui permettant d’aller chercher l’eau à grande distance, même en passant au travers des murs en maçonnerie.

Les signes de présence

L’infestation par le mérule est constatée, la plupart du temps, par la présence d’un carpophore (Visuel n° 1).

En général, ce constat se produit au retour d’une période d’inoccupation ou lors de l’inspection d’un emplacement rarement utilisé.

A ce moment-là, l’organe végétatif du champignon, le mycélium, a déjà attaqué des éléments contenant la cellulose. (Visuel n° 2)

On le retrouve, par exemple, sous le papier peint, sur le papier des plaques de plâtre, dans le mobilier, sur les panneaux agglomérés ou MdF, etc.

Le démontage de ces éléments dégradés donne accès au feutrage gris, aspect typique du mycélium. Ces dégradations ne sont généralement pas apparentes.

Quand les conditions sont favorables, le développement peut être extrêmement rapide, voire « explosif » en colonisant en quelques jours l’ensemble d’une paroi d’une pièce.

Les dégâts constatés

La dégradation des bois de structure par le mérule peut provoquer l’effondrement des charpentes, des planchers, ou de tout autre élément structurel contenant de la cellulose (Visuel n° 3 : vue des dégâts sur un plancher en bois).

Cet effondrement peut survenir alors qu’aucune autre manifestation de l’infestation n’a été décelée. La solidité de l’ouvrage est parfois mise en cause à la suite de travaux de doublage et d’isolation thermique au cours de travaux d’aménagement ou de rénovation dans un bâtiment ancien. (Visuel n° 4 : vue des dégâts sur un soubassement).

Les encastrements des poutres et solives dans les murs sont souvent les premiers endroits attaqués. Quand une manifestation les concerne, les boiseries en contact avec les maçonneries sont rapidement et gravement endommagées par le mérule.

En cas de doute sur la présence de mérule, n’intervenez pas avant d’avoir consulté un spécialiste. Seule une analyse biologique par un laboratoire spécialisé permet de déterminer l’espèce de champignon. Cette détermination est essentielle pour la prescription du traitement nécessaire à l’éradication et dans la préconisation des travaux.

Le contexte législatif

La loi ALUR (Loi n°2014-366 du 23 avril 2014) a créé de nouveaux articles dans le code de la construction et de l’habitation qui précisent :

  • En ces de présence de mérule, l’occupant a l’obligation d’en faire la déclaration en mairie ;
  • Un arrêté préfectoral peut délimiter les zones de présence d’un risque de mérule. En cas de vente dans une zone visée par cet arrêt préfectoral, le notaire doit communiquer à l’acquéreur une information sur le risque de mérule.

Thierry Lorthioir – Expert Polyexpert Lille

Bio express de Thierry Lorthioir

  • Formation : Baccalauréat Économie de la construction
  • Expérience :  Polyexpert
  • Entrée dans le Groupe : 05/01/ 1999
  • Spécialité : dommages matériel pour sinistre incendie, sécheresse, gestion sinistre moyen et fort enjeu
  • A titre personnel, goût pour : le sport, en particulier le vélo, la cuisine, le bricolage

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