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Jade, joyau impérial bannière histoire d'art

Le jade, joyau impérial

12 Nov 2024

Alice Hery est expert vol au Bureau Polyexpert d’Annecy. Férue d’histoire d’art et formée à cette discipline pendant toutes ses études supérieures, Alice nous fait découvrir dans l’article d’aujourd’hui le jade : une pierre de la famille des silicates connue pour sa couleur verte et ses valeurs de bonté, prudence, sincérité et vie éternelle.👇

Caractéristiques

Espèce minérale de la famille des silicates, le jade (ou jadéite) peut être de différentes couleurs (vert, blanc, incolore, gris, violet, brun, rouge, orange ou encore bleu), bien qu’il soit davantage connu dans les teintes vertes, blanches et brunes.
Le jade est une pierre aux aspects et éclats variables, pouvant être translucide à opaque, vitreux comme gras, veiné ou tacheté comme lisse.
Il existe d’autres pierres vertes, telles que la serpentine et la néphrite, pierres naturelles qui peuvent ressembler au jade, mais qui n’en ont ni les propriétés ni la dureté.
Cette pierre peut être traitée chimiquement afin de la teinter ou d’améliorer sa translucidité. Le risque de l’emploi de ces traitements est sa détérioration avec le temps.
Les gisements de jade se trouvent principalement en Chine, en Russie, en Nouvelle-Zélande et au Canada.

Historique

Utilisé en Chine depuis des millénaires pour la fabrication d’objets usuels (haches, couteaux, coupes au Néolithique), le jade se popularise au fil des siècles pour tendre vers une production de plus en plus diversifiée.
Au fil du temps, le jade devient le support de sujets symboliques, à l’image d’animaux sculptés à plat ou en ronde-bosse.
Symbolique, la pierre l’est d’autant plus par les valeurs qui lui ont été conférées par les lettrés au fil du temps : bonté, prudence et sincérité. Pierre protectrice, elle est symbole de la vie éternelle.
Le jade est massivement utilisé pour la réalisation des disques « bi », objets rituels qui apparaissent dès le néolithique et dont le décor évolue avec le temps.
Atteignant son apogée sous la dynastie Qing (1644-1911), notamment sous le règne de Qianlong (1735-1796), le jade est utilisé pour la réalisation de pièces de raffinement, servant la médecine et le pouvoir : vases, cachets, coupes.
La finesse des gravures et la maîtrise des formes de cette époque permettent d’illustrer un grand nombre de sujets.
Aujourd’hui particulièrement cotées sur le marché de l’art, ces pièces illustrent avec élégance des décors floraux, mythologiques ou impériaux.
En Occident, l’intérêt pour le jade se développe à la suite des grandes missions d’exploration des Indes, à partir de la fin du XVe siècle, notamment grâce aux portugais installés à Canton.
Ce n’est cependant qu’au XVIIe siècle que les Français découvrent la pierre de jade.
En Europe, et ce jusqu’à aujourd’hui, la pierre est utilisée pour ses vertus thérapeutiques et est montée en bijoux.
Dans les années 1920, cette pierre « plus précieuse que l’or » et son héritage chinois, devient source d’inspiration pour la réalisation de bijoux et d’objets d’art, à l’image de Cartier qui réalise des flacons et des nécessaires de toilette dans un goût parfaitement inspiré des jades impériaux de la dynastie Qing.

Estimation

« Il y a un prix pour l’or, mais le jade est inestimable » selon un proverbe chinois. Les jades impériaux atteignant des sommets sur le marché des ventes aux enchères, cet adage semble se vérifier encore aujourd’hui.
Les pièces les plus recherchées et pour lesquelles les prix peuvent atteindre plusieurs millions d’euros sont celles marquées des sceaux de l’Empereur.
Généralement, plus le jade est clair et translucide, plus il aura de la valeur. 
Ces prix exceptionnels ne sont cependant pas ceux de tous les objets en jade.
La production massive d’objets usuels au XXe siècle permet aujourd’hui l’acquisition de pièces en jade telles que des bols, des boîtes ou encore des disques bi, à partir d’une trentaine d’euros. 
Plusieurs facteurs permettent d’établir la valeur d’un objet en jade : la couleur, l’opacité, l’usage, le décor, et enfin un éventuel cachet de sculpteur ou sceau impérial.
Aujourd’hui, seule la Chine travaille encore la pierre selon les procédés anciens, permettant la réalisation de pièces aux spectres variés, des souvenirs touristiques à de véritables œuvres d’art.

Alice Hery – Expert vol particulier – Polyexpert Annecy

Jade sous différentes formes, montage photo

Légendes des visuels de gauche à droite :

  • Visuel n° 1 : coupe en jade dite « coupe Mazarin » ayant appartenu au Cardinal Mazarin (1602-1661), figure dans l’inventaire du roi Louis XIV, Chine, 16ème siècle, 4.7 x 13 cm, Jade blanc. © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Olivier.
  • Visuel n° 2 : disque bi. © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Richard Lambert.
  • Visuel n° 3 : flacon à extrait, Cartier Paris, 1925, jade sculpté, or, cabochons de saphir, émail bleu de roi et noir. Collection Cartier. © Nick Welsh, Cartier Collection, Cartier.
  • Visuel n° 4 : pot à fleur en forme de citron digité dit « Main de Bouddha », Chine, Dynastie Qing (1644-1911), 18ème siècle, Jade. © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Olivier.

Bio express d’Alice Hery

  • Classe préparatoire aux grandes écoles hypokhâgne / khâgne, spécialité histoire de l’art, Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg.
  • Double licence Histoire de l’art et Histoire, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
  • Master 1 recherche en Histoire de l’art, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
  • Master 2 Expertise et Marché de l’art, Université Paris 4 Sorbonne-Université.
  • Expérience professionnelle dans le milieu des ventes aux enchères et des galeries d’art pendant 3 ans.
  • Entrée dans le Groupe : mars 2023.
  • Spécialité : expert vol et mobilier.
  • A titre personnel, goût prononcé pour : les arts asiatiques, l’Art Nouveau et l’Art Déco

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